Anne Barraud : les pieds sur le terrain, la tête dans le potentiel humain

 
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Créer de la synergie dans les équipes, il y a des gens qui savent faire ça en vrai ? Le métier d’Anne est de résoudre des problèmes sur lesquels on s’arrache les cheveux : LES PROBLEMES HUMAINS. Anne est une pure opérationnelle, il n’y a qu’une vérité à ses yeux : le terrain. Les hommes et les femmes. Qu’ils soient péruviens, français ou camerounais. Elle donc n’a fait qu’une bouchée du défi interculturel.

Raccrocher les wagons dans chaque pays

« Nous revenons du Pérou et nous repartons au Cameroun. J’ai le sentiment épuisant d’une succession de projets avortés. »
Anne est conjointe d’un cadre expatrié pour une multinationale. A priori, ce statut plaque au sol toute forme de leadership : pourquoi investir sur Anne à Lima, Paris ou Douala alors qu’elle va partir ailleurs un jour ou l’autre ? Et pourtant, il se dégage d’elle une véritable force professionnelle. Nous le percevons tous ; mais elle ne le sait pas. Elle aussi ressent cette force intérieurement, et la frustration qui en découle : sa carrière morcelée est décrédibilisée par ses stop and go récurrents à travers le monde.

 

Sortir de la logique catégorielle

« Je suis une trouveuse de solution ! Je crée sur-mesure des solutions RH et Com pour résoudre les problèmes liés à l’humain dans les entreprises. »
Anne est-elle une femme de Com ou une RH ? Son profil a tant évolué depuis qu’elle a quitté sa carrière linéaire dans la fonction Communication… elle sent qu’elle n’utilise plus les bons mots pour parler d’elle. Pourtant, changer de mots est un vertige : elle a toujours fait partie de la fonction communication, c’est devenu une part de son identité personnelle. Qui est Anne aujourd’hui ?

Redéfinir son positionnement autour du flow 

« Je ressens intérieurement si j’ai envie de travailler avec quelqu’un : mon corps est un radar. Si j’ai une impression physique qui m’oppresse, la réponse est non. »
Anne est designer de solutions. Elle n’a pas de processus, elle crée des solutions en live : elle est dans sa zone d’excellence face au dirigeant et au terrain. Lorsque la personnalité du dirigeant et le projet lui offrent un terrain propice, Anne ressent le flow, cette sensation très agréable de performance professionnelle. La réussite, c’est un travail d’équipe avec le client. Elle crée en direct : « J’écoute, je mets des mots sur les points bloquants. Je construis les solutions dans le cours de la discussion, je les suggère au fil de l’échange. Ca coule tout seul. » Anne fusionne l’étape commerciale et l’étape de conception, elle essuie très peu de refus : elle a besoin du dialogue avec le dirigeant pour exercer sa zone d’excellence : « Quand j’ai un appel d’offre papier, je suis bloquée, j’ai besoin du contact direct et de l’échange ». Anne est en permanence en recherche de nouveaux clients pour le plaisir de vivre cette situation professionnelle.

Adapter sa démarche réseau à sa zone d’excellence

« J’ai eu mes premiers contrats en rencontrant des dirigeants dans les Cercles français du Cameroun. Je suis allée à la rencontre des gens, j’ai écouté, échangé. Ca a fait boule de neige. »
Anne l’a compris, elle excelle dans le face-à-face. Ce sera donc son levier d’intégration et de réussite au Cameroun. Et partout dans le monde désormais. « J’ai pris mes premiers contacts en réseautant. Et mes premiers repères : au Cameroun, l’engagement sur un devis est aléatoire. J’ai donc fait le choix de travailler en priorité avec des dirigeants expatriés pour faciliter mes premiers pas. ». Anne est désormais une femme de réseau. Elle a été approchée par le cercle de dirigeants APM pour animer le réseau local de Douala : « Je retrouve mon ADN personnel dans l’APM : un réseau international avec un ancrage local fort. »

Devenir une internationale

« Ma vision a changé : je raisonnais exclusivement local auparavant. J’ai supprimé cette cloison. Désormais, je me projette à l’international, à travers mon réseau et ma famille professionnelle.  »
L’international a toujours fait partie du projet de vie d’Anne et de son conjoint. Mais l’on peut se perdre dans l’international… Perdre son équilibre de vie ou perdre le fil de sa carrière. Quand elle quitte le Pérou, il lui semble qu’elle laisse là-bas tout ce qu’elle a construit professionnellement. « Aujourd’hui, je sens que ce je crée est en moi. » explique-t-elle. Anne a désormais cette aptitude à faire son métier en zoomant et dézoomant, elle conjugue son ancrage local et son réseau international. C’est une posture, c’est une culture. Elle se nourrit des deux visions, elle en nourrit son action: « J’ai beaucoup appris des Camerounais, de leur rapport au temps. Ici on prend le temps de discuter, de se connaître. C’est comme cela que je prospecte, je m’y retrouve totalement. ».

Dépasser le choc interculturel pour s’en nourrir

« Le Cameroun est un pays magnifique mais notre liberté de nous déplacer est entravée par de fortes contraintes de sécurité. Il n’y a pas la barrière de la langue mais les différences culturelles sont fortes ».
Anne est-elle épanouie dans son nouveau pays ? L’interculturel est une claque. Mais aussi une stimulation pour cette orfèvre de l’Humain : « Les inconforts sont compensés par le formidable terrain de jeu professionnel que m’offre le défi interculturel. ». Elle s’appuie sur son intelligence opérationnelle et devient interculturaliste dans une démarche totalement empirique : elle prend en compte les codes culturels locaux comme un élément parmi les autres. Anne nourrit sa créativité de cette complexité humaine supplémentaire. 
Sa présence au Cameroun fait sens car elle s’y sent profondément utile : « En France, les gens sont blasés. Ils en sont à leur 10ème séminaire. Ici, je propose des interventions simples mais efficaces qui sont accueillies avec enthousiasme. Les Camerounais sont pro-actifs, preneurs de tout, et tellement reconnaissants. » 

L’équilibre de vie comme ancre de carrière

« Il y a un proverbe qui dit : « Fleurie là où tu te trouves ». Voilà, c’est exactement ça : mes briques sont là, et elles sont toutes actives. »
Les conditions de vie d’Anne au Cameroun me laissent sans voix. Peut-on croire que cet ancien cadre d’une multinationale ait trouvé son équilibre dans un tel chaos ? Là où elle n’est plus libre de ses mouvements, là où elle est l’objet de stéréotypes ? « J’avais quitté PSA pour répondre à mon besoin d’équilibre de vie. Maintenant, je choisis, je dose, j’organise mon travail en sur-mesure pour répondre avant tout à mon besoin d’être dans la relation humaine. Avec ma famille, mes amis et avec mes clients et leurs équipes. »
Derrière les barreaux des fenêtres de son bureau de Douala, sous la vigilance des gardiens, Anne est libre de concevoir son métier à son image, ciseler son emploi du temps, designer des solutions pour répondre aux besoins des clients qu’elle a soigneusement choisis… Anne se sent libre et heureuse.

Stéphanie Talleux

 
Clarisse Talleux