Carrière atypique : comment réussir sans expertise ?

 
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LA question cauchemar de la carrière atypique ?
« C’est quoi ton métier ? »…
« Je suis un touche-à-tout, je n’ai pas d’expertise », « Je raccroche les wagons à chaque fois que j’arrive dans un pays », « J’y vais à l’instinct »… Votre carrière atypique est riche d’expériences personnelles et professionnelles qui vous ont forgé. Mais aujourd’hui, vous n’entrez plus dans aucune case. Comment faire ?

Les « cases », c’est ringard

« Les offres d’emploi défilent sous mes yeux et je ne correspond à rien. A la limite, je peux postuler aux mêmes postes qu’à ma sortie d’études mais ils ne voudront jamais de moi ! »
Nous avons été formatés pour réfléchir notre positionnement professionnel selon les critères de l’entreprise, et non des critères humains : le service (je suis dans la finance), le secteur (je suis dans le bâtiment). Cela voudrait traduire une désincarnation de la notion de métier, c’est pratique mais pas réaliste: tous ceux qui appartiennent à la même case seraient interchangeables ! On a pourtant tous réfléchi notre orientation de cette manière, en nous déplaçant d’une case à l’autre : Bac scientifique ou littéraire ? Médecine, commerce ou ingénieur ? L’industrie ou le service ? Conséquence: on a du mal à penser autrement…
En réalité, une carrière se construit sur des critères humains : ce qui compte plus que tout c’est votre motivation et l’impact que vous allez créer autour de vous. C’est avant tout une question d’envie de chaque côté. De liens, de rencontres. Et de solutions qui émergent.

Le temps s’est rétréci

« Je ne suis jamais resté vraiment longtemps à un poste, je n’ai de légitimité nulle part. »
Il y a aussi des grandes théories qui bruissent un peu partout alors qu’elles sont éculées. Hier encore je dînais avec un ami de Singapour qui me disait s’ennuyer fermement dans son poste mais devoir « encore rester pour atteindre les 5 ans afin de valider cette expérience ». Et pourtant cet ami n’avait pas 120 ans… En réalité, le monde est bien fait : d’un côté l’exigence de flexibilité et de changement s’accentue, et de l’autre notre propension à l’ennui est exponentielle. Arrêtons donc de complexer avec nos expériences courtes et assumons notre besoin de nouveauté, parfaitement adapté à notre époque. Le monde d’aujourd’hui a besoin de fluidité, ça doit circuler ! Une expérience courte EST une expérience.

J’ai une marque personnelle forte, j’assume!

« Mon parcours est fait d’une multitude d’expériences que j’ai beaucoup aimées mais je ne vois pas quel est le point commun entre tout ça ».
Si vous avez une carrière atypique, c’est probablement que ça vous mettait des boutons de rentrer dans une case ! Et vous avez louvoyé par besoin d’insuffler à votre carrière un sens très personnel. Ce besoin est si fort que vous avez pris votre parti de ne pas donner le change en société à la question cauchemar « Tu fais quoi dans la vie, toi ? ». Je suis de ceux-la : mon exigence professionnelle ne pouvait se satisfaire d’un cadre classique. Ces profils recèlent un gros leadership, une marque personnelle forte. Mais il faut faire un travail de réflexion pour mettre tout cela à jour. Si on ne le fait pas, on fait peur aux recruteurs, si on le fait, on cible précisément le poste, et on devient irrésistible…

Quelle est ma place au travail ?

“J’ai enfin compris que je suis ce une personnalité multi- potentialiste. J’aime faire des choses différentes et switcher de l’une à l’autre sans avoir à me justifier ou craindre d’être considérée comme instable. Je raisonne en terme de projets et non de fiche métier. Ma passion, c’est d’organiser des événements éphémères sans frontières afin de raconter une histoire, traduire une envie, un état d’esprit, refléter une situation nouvelle, un besoin émergent ou latent.”
En réalité, on a tous une expertise Mais pour aucun d’entre nous, y compris ceux qui ont un profil classique, elle ne peut d’exprimer selon les critères traditionnels des recruteurs : secteur/métier/niveau hiérarchique. Votre expertise est personnelle, je dirais même qu’il y en a une par personne : si vous êtes comme moi, entrepreneur, il s’agit avant tout du problème auquel vous apportez une solution (aider concrètement mes clients à trouver du travail là où ils veulent) et de la définition de votre cible (accompagner les personnes en carrière atypique). Si vous êtes salarié, il s’agit de comprendre le type de projet auquel vous serez utile et pour lequel vous serez capable de dégager une énergie folle, le relationnel mais aussi l’environnement dont vous avez besoin. Parce qu’en vérité, c’est ça qui déclenchera l’embauche : votre motivation pour aller frapper à la porte de la bonne entreprise, du bon projet, de la bonne personne.

Qu’est-ce qui vous donne envie, à vous ?

 «Ca me fait penser à la fin du film « L’auberge espagnole », quand il se retrouve avec tous ces ringards, bien au chaud dans leur poste … »
Je dois vous dire que mon « manque » d’expertise m’a pollué d’une sale manière durant des années. Et je sais maintenant qu’il n’était qu’un mirage. Allons, je ne suis pas naïve : je sais que la demande d’expertises classiques validées sur une longue expérience perdure dans beaucoup d’endroits. Je la rendais moi-même réelle en me créant des freins ;). Mais j’ai réalisé que je n’avais surtout pas envie de travailler là où cette vision ringarde existe ! Le monde est bien fait vous dis-je ! J’ai envie de travailler avec des entreprises innovantes qui sortent du cadre, qui ont le courage de se poser les bonnes questions pour trouver des solutions innovantes. Et IL Y EN A. D’ailleurs je les repère de manière diabolique depuis que je suis consciente de ce besoin essentiel à mon épanouissement. Tout cela est un écosystème cohérent où j’ai ma place…parce que je suis atypique !

Alors, comment trouver du travail ?

« J’ai rencontré des gens très sympas ici, ils m’ont tous dit : le problème, c’est qu’on ne comprend pas ce que tu cherches alors c’est difficile de t’aider ».
Il y a 3 options : les petites annonces, les recruteurs, et le réseau. Les premiers fonctionnent sur la peur, la maitrise du risque en ciblant les personnes qui sont bien restées dans leur silot, toute leur carrière durant. Et il y a le réseau qui va réagir à votre personnalité, votre motivation, votre envie. Il y a un gros travail personnel à faire avant d’aller parler de soi à des personnes qu’on brûle de rencontrer. Il faut apprendre à se connaître, puis à parler de soi, à identifier aussi les personnes qui nous donnent envie. Le réseau va naturellement vous conduire à votre place dans le pays où vous habitez, il y a comme un effet d’aspiration pour combler les besoins locaux. Mais en amont, à défaut de « case », vous devez lui indiquer : vos compétences, ce que vous savez particulièrement bien faire, le type de projet sur lesquels vous souhaitez vous inscrire. Une fois qu’on a fait ça, c’est dur pur plaisir, je vous le promets !

 Stéphanie Talleux

 
Clarisse Talleux